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LES MARQUES POSTALES DE LA GRANDE ARMEE PENDANT LA CAMPAGNE DE RUSSIE 1812 – 1813.

Depuis longtemps plusieurs collectionneurs se dédient à collectionner les marques postales de la Grande Armée, le secteur le plus populaire de toute l’histoire postale Napoléonienne. Mais il est aussi le plus difficile à cataloguer.

Le livre de De Frank, publié en France en 1951, a étudié toutes les marques postales utilisée par les bureaux de poste militaire de la première Grande Armée, créée par Napoléon en 1805 et dissolue en 1808 après la paix de Tilsit. Jusqu’à maintenant, on ne connait pas une étude complète et satisfaisante des marques postales de la deuxième Grande Armée créée par Napoléon à la veille de la Campagne de Russie en mai 1812.

Seulement Dubus, Fillinger et d’autres étudiants français ont publié de brefs articles pour présenter et classifier certaines marques postales appliquées sur des lettres envoyées de Russie pendant la Campagne. Je peux ainsi m’associer par l’occasion à cet effort, en exposant et en décrivant les lettres avec leurs marques postales qui sont dans ma collection. Je ne voudrais pas seulement classifier les marques en indiquant leur provenance mais aussi reprendre certains passages du contenu là où l’histoire parle sans censure par les stylos-encre des soldats qui ont vécu l’aventure de la Campagne de Russie. Enfin l’objectif serait de pouvoir classer les numéros des marques postales avec les bureaux des Corps d’Armée et des Divisions qui l’ont utilisé comme cela a été fait dans le livre de De Frank. Malheureusement le matériel est rare, donc la classification en devient assez difficile.

Plusieurs étudiants et moi-même dans un article publié sur ”il Giornale Filatelico Italiano” de décembre 1988, avons parlé des évènements qui précèdent l’entrée en guerre de Napoléon contre la Sainte Russie, les effectifs de l’Armée, le passage du Niemen, les grandes batailles de Smolesk, Borodino et l’incendie de Moscou. Enfin la retraite, la bataille sanglante de la Beresina, et Napoléon, qui après la défaite, rentre à Paris pour réorganiser son armée, qui a perdu la moitié de ses effectifs. L’histoire est connue et ça ne vaut pas la peine d’en parler encore.

On sait que la poste militaire pour les officiers et soldats était bien organisée. Le général Mathieu Dumas, chef de l’intendance, avait la responsabilité des provisions et des services de la poste militaire auprès de tous les corps d’armée et des garnisons. En effet, chaque Corps d’Armée et chaque Division avaient son propre bureau de poste avec les marques postales numérotées. L’utilisation de ces bureaux était obligatoire mais en lisant l’adresse des expéditeurs, on voit que souvent on utilisait les bureaux du Corps d’Armée à place de celui de la Division ou on remettait les lettres à une estafette sans aucun cachet, seulement avec l’indication manuscrite de l’endroit de départ pour en justifier le port à payer. Dans la collection exposée, on peut noter Vitebsk, Mojansk et Moscou

 

 

 

 

 Maintenant on examine quelques lettres plus intéressantes de par leur contenu.

 La lettre de la avec le cachet rouge N° 5 GRANDE ARMEE écrite par un Capitaine du 17ème Régiment de Chasseurs à Cheval, représente le moment clé de la guerre contre la Russie. Dans la lettre, datée du 25 juin 1812, on peut lire que « Maintenant il est 13 heures et notre division est en train de traverser le Niemen à côté de Krajen. On a commencé à traverser le fleuve il y a 12 heures et en ce moment, 100.000 hommes sont dans le territoire russe.»

 

 

 

 

 

 Dans une autre lettre écrite du Quartier Général de Liotzna le 31 juillet 1812 avec le cachet N° 36 GRANDE ARMEE (, on lit « ...il semblait alors qu’il dût avoir une bataille générale, en effet le 27 juillet l’Empereur rassemblait une centaine de milliers d’hommes dans l’intention de livrer un grand combat contre les Russes qui semblaient de leur côté se disposer et vouloir attendre les Français devant la ville de Vitebsk, mais pendant la nuit du 27 au 28 ils se retirèrent avec précipitation et brulèrent le pont qui est sur la Dvina.»

 

 

 

 

 

 

Mais la bataille était déjà arrivée. Les évènements, on lit dans une lettre d’un Officier de la Garde Impériale datée 9 août 1812 : « …avant d’y entrer (à Vitebsk) l’avant-garde, commandée par le Roi de Naples s’est battue les 25, 26, 27, 28 juillet ; aussi dans l’espace de 6 lieus sur la route et dans les bois à droite et à gauche il y a une quantité de cadavres russes…» tandis que le Maréchal Oudinot remportait une victoire à Potolsk. La lettre présente le cachet en rouge « Bau Gal Grande Armée ».

Une première importante défaite des Russes a été racontée également dans une lettre écrite près d’un bivouac près de Smolensk le 12 août (Fig. 4), on lit ”La ville de Smolensk, la seule place à défendre sur la route de Moscou, elle n’a pas pu résister plus d’un jour. La garnison a été défaite par les baïonnettes du Maréchal Ney. Je pense que la paix sera bientôt signée à Moscou. Illusion !!!

La lettre présente le rare cachet BAU CENTRALE/GRANDE ARMEE frappée en rouge.

Le 4 octobre 1812, un officier du 9ème corps décrit la bataille, « Nous serons bientôt à Moscou. Le Maréchal Victor est ici et nous attendons des ordres dans 2 ou 3 jours. En ce moment nous sommes dans le théâtre d’une des plus grandes et sanglantes batailles qu’on n’a jamais vu, il y a tellement de soldats tués qu’on est obligé de former des piles de morts et blessés...nous avons perdu plus d’hommes qu’on aurait pensé mais les Russes ont perdu quatre fois les hommes que nous avons perdus ». La lettre présente la griffe N° 35 GRANDE ARMEE et la marque postale d’arrivée à Paris daté du 8 novembre.

En octobre, Moscou est occupée par les troupes françaises. Un officier du 1er régiment de cavalerie légère, faisant partie de la première division des cuirassiers, écrit: ”Moscou est aussi considérable que Paris....je vous dirais que l’armée Russe dans leur retraite a brulé Moscou...sur cent lieues toutes les villes et villages ont été brûlés. La lettre du 2 octobre 1812, présente un cachet noir N° I I GRANDE ARMEE

Plus difficiles à repérer sont les lettres écrites pendant la retraite. La plupart ont été volées par les Cosaques qui bouleversaient les effectifs de l’armée. Le froid, la faim, la boue et la neige bloquent les routes et donc les estafettes postales. Plus encore la longue marche ne laissant pas aux soldats le temps d’écrire.

Tandis que assez nombreuses sont les lettres expédiées des lignes arrières comme Kovno, Danzig et Gloau. Un exemple est la lettre d’un Voltigeur du 5ème Régiment de Ligne à la suite de la 4ème Division qui écrit le 11 juin 1813, un an après le départ à la guerre, une longue lettre qui explique toute l’histoire de la Campagne en faisant savoir qu’il n’a pas pu écrire parce que: ”..même la poste a été arrêtée par les brigandages de la Russie” et encore: ”Nous avons été à la capitale de la Russie et toutes les batailles qui ont données nous avons eu victoire. Si notre Empereur a perdu son armée, ce n’est que par la froidure et par la faim.

La lettre présente la marque postale rouge « N... /GRANDE ARMEE ». Le numéro n’est pas assez clair pour pouvoir le lire.

Pourtant vraiment étrange et difficile à comprendre le contenu de la lettre (Fig 7) avec le beau cachet N° 25/ GRANDE ARMEE écrite de Kalouga le 22 décembre 1812, on lit:

”..je suis prisonnier de guerre depuis le 19 novembre, que ce mot ne t’effroye point je éprouve de la grace des Russes pour tous les traitements qui peuvent améliorer ma situation. Je me trouve avec deux officiers de mon régiment, ce Fig. 7 qui ajoute un motif de consolation, nous sommes en route pour le lieu où nous devrons passer le temps de notre captivité ».

En lisant la lettre ont déduit que les prisonniers Français bénéficiaient d’un bon traitement mais que signifie la marque postale de la Grande Armée ?

Est ce qu’ils pouvaient utiliser leur propre bureau pour envoyer le courrier ? J’attends des réponses.

Enfin c’est une bonne chose de bien présenter une lettre écrite par Monsieur Domon, Directeur en Chef de la Poste Militaire à Monsieur le Comte de la Valette, Directeur Général des Postes de l’Empire à Paris. La lettre, envoyée de Moscou le 16 octobre 1812 n’a jamais joint son destinataire parce que le courrier a été pris par les Cosaques. Autant que plusieurs lettres ainsi interceptées, celle-ci a été remise à l’Etat-Major Russe et plus tard classée aux archives de l’Etat. Il faut bien lire le texte pour mieux comprendre l’organisation postale moderne et les voies des courriers de la Grande Armée.